France Ballot-Léna
Entre parole somnambule et affleurement du chant, la voix de France Ballot-Lena nous murmure son urgence de transmettre « sa patience de sève » et son « éclatante éclosion ». Psalmodie de la voix à fleur de silence, le ressac du poème aménage une éclaircie, une clairière dans le lit obscur du fleuve, entre amont et vertige du courant, un corps de clarté pour donner sens au vide créé par son mouvement de déploiement.
La parole fertile des morts ou des absents nourrit les berges de cette pensée-fleuve : poésie vivante des fleurs qui poussent sur les tombes respirant la lumière du « souffle remontant ». La voix s’éclaircit : pour desceller la tombe du manque et la bouche des nuages. Un chant d’ombre qui prolonge la lumière du jour, l’étend, s’étire jusqu’à la cime de l’Absent : ardente mélopée où la pudeur se blesse à son propre dévoilement.
L’éternité tombe à vif sur un ciel d’épaule chavirée. Son sang s’unit au fleuve d’encre parfois gelant à « fendre l’âme » quand tombe la nuit au miroir de la source.
Mais toujours la fleur de la voix soulève « le couvercle de l’hiver » :
Voie couronnée de fleurs où l’enceinte aux murmures célestes est promise à l’aube
Et où aimer reverdit par le souffle du chant.